Cinéma

Fenêtre sur cour Hitchcock

Hitchcock réalise "Fenêtre sur cour" (adaptation de la nouvelle "It Had To Be Murder" de William Irish) fin novembre 1953, juste après "Le Crime était presque parfait".

Un décor

Le film se déroule dans l'un des studios de Paramount et a nécessité près de 1860 m² de briques, presque 12 tonnes d'acier, avec un total de 31 appartements créés avec des fenêtres conçues en respectant les dimensions des écrans de l'époque. Douze d'entre eux sont entièrement meublés et utilisables par les acteurs. Ce décor représente Greenwich Village, un quartier de New York réputé pour sa vie culturelle. C'est pourquoi nous voyons des voisins danseurs, sculpteurs, musiciens, et même Jeff fait partie intégrante de ce monde en tant que photographe. Pour donner encore plus de vie et de crédibilité à ce décor, Hitchcock a demandé à toute son équipe de lui fournir des clichés de leurs cours et de leurs bâtiments.

En tenant compte de toutes ces informations, on comprend rapidement que le décor n'est pas simplement un cadre dans le film, mais il occupe une place centrale dans l’histoire et est filmé comme s'il s’agissait d'une représentation théâtrale. Cela devient évident dès les premières secondes lorsque les stores de l’appartement de Jeff s’ouvrent doucement, rappelant les rideaux des théâtres au début d'une représentation.

Hitchcock utilise le décor pour accentuer le suspense et l’intrigue de l’histoire, jouant sur ce qui peut être vu et ce qui ne peut pas l'être par Jeff, et donc par nous, les spectateurs. Ce n'est pas le point de vue de la caméra qui change, mais bien celui du décor lui-même. En plus de jouer sur la vision, il joue également avec le son. Il est important de rappeler qu'Hitchcock vient d'abord du monde du cinéma muet et qu'il y est profondément attaché. Avec "Fenêtre sur cour", il avait la possibilité de rendre les voisins de Jeff totalement inaudibles et de jouer exclusivement avec le langage visuel.

"Fenêtre sur cour" peut être comparé à une pièce de théâtre où l'on joue avec l'espace, le temps et les actions des différents acteurs, mais qui utilise également tous les codes du cinéma.

Un lien indéniable avec Hopper

En visionnant "Fenêtre sur cour", l'influence manifeste des œuvres d'Edward Hopper dans les films d'Hitchcock ne peut échapper à l'observateur. Hopper est renommé pour ses peintures capturant des moments de vie, des sentiments de solitude, de malaise, mais aussi d'optimisme, surtout dans la période pré et post-guerre.

Les empreintes de Hopper se trouvent dans le film "Psycho" (1960), où l'on peut déceler la réminiscence de sa peinture "House by Railroad" (1925). On y observe un paysage avec une maison au centre, étonnamment similaire à celle de Norman Bates et de sa mère. Une autre œuvre, la peinture "Night Window" (1928), montre une femme solitaire dans un moment très intime dans sa chambre, évoquant la solitude de Miss Lonelyhearts dans le film. Hopper et Hitchcock explorent d'abord le sentiment de voyeurisme, d'intrusion et d'isolement, mais aussi la frontière entre le visible et l'invisible, ce qu'ils veulent montrer ou exclure à travers les fenêtres.

Une fenêtre comme point de vue

Afin d'apporter de la profondeur et de la crédibilité au film, Hitchcock a dû apporter des modifications à la nouvelle "It Had To Be Murder" de William Irish. Jeff devient ainsi photographe et utilise un téléobjectif pour accentuer le thème du voyeurisme, jouant avec les spectateurs en dirigeant leur regard. En plein été, avec tout le monde laissant les fenêtres grandes ouvertes, les vies quotidiennes, les peines, les frustrations, les amours, les joies, tout est dévoilé au grand jour, attisant la curiosité de Jeff.

Ainsi, Jeff commence à prendre plaisir et à s'intéresser à la vie de ses voisins, mais la tension et les dangers du voyeurisme s'installent rapidement dans le récit. Au milieu des joies de la vie quotidienne, un meurtre se déroule, non explicitement montré, mais suggéré par un cri, le comportement étrange de Thorwald et la disparition mystérieuse de sa femme. Ce drame est souligné par un changement d'atmosphère : les nuits deviennent pluvieuses, sombres et sinistres. La tension devient de plus en plus pesante, focalisée sur les faits et gestes de Thorwald et son appartement. De plus, à mesure que le film progresse, le rythme s'accélère et les indices temporels se multiplient. La police arrive dans deux minutes, Lisa a besoin de plus de temps dans l'appartement de Thorwald pour trouver des indices... Nous sommes tous absorbés, espérant une fin heureuse.

Finalement, au-delà d'être un thriller avec une intrigue de voyeurisme et de meurtre, Hitchcock a voulu faire réaliser aux spectateurs que nous sommes tous, par définition, des voyeurs, car nous assistons à des films en observant sans participer directement aux histoires.

Quizz

Question 1
Question 2
Question 3
Question 4
Question 5

En quel année Hitchcock réalise Fenêtre sur cour?

Dans quel quartier de New York se déroule l’histoire?

Quel est le métier de Jeff dans le film?

Quel peintre a influencé Hitchcock?

En quel année Hitchcock réalise Fenêtre sur cour?
1933
1943
1953
1963
1973

Quos quibusdam nemo consequuntur assumenda. Velit voluptas ex voluptas dolores. Ad et ipsum alias natus ist

Bonne réponse!

Dans quel quartier de New York se déroule l’histoire?
Greenpoint
SoHo
Upper East Side
Greenwich Village
Little Italy

Nemo minima et ut consequatur ducimus molestiae. Et rerum asperiores quo perferendis. Aut autem soluta voluptatem omnis rerum. Qui id deleniti est placeat laborum expedita numquam vel. Nihil cupiditate suscipit eum quia iusto et quo nesciunt eos. Reprehenderit reprehenderit n

Bonne réponse!

Quel est le métier de Jeff dans le film?
Peintre
Pilote
Musicien
Photographe
Sculpteur

Expedita suscipit id alias velit sed. Possimus facere quod odio eius ipsa ut at. Aut quos et aspernatur ea voluptas doloribus qui doloremque dolores. Rem consequuntur culpa. Sit dignissimos nostrum. Ut ut et aut. Ut cupiditate qui sint odio

Bonne réponse!

Quel peintre a influencé Hitchcock?
Hopper
Mondrian
Warhol
Basquiat
Haring

Molestiae veritatis rerum id sit vero. Officia rerum hic. Aspernatur et quis veritatis adipisci repellendus cumque vel qui. Eius perspiciatis vel est deleniti maxime atque nostrum. Et tenetur in voluptas at. Est ratione et culpa ea facere eos cupiditate. Repellat

Bonne réponse!

It Had To Be Murder
Lawrence Block
Frederic Dannay
William Irish
David Goodis
John Dickson Carr

Sed tempora non qui reprehenderit. Aut et similique iure totam eius sunt tempora dignissimos. Aliquam labore unde rerum animi voluptatem reiciendis. Voluptas quibusdam debitis ab nobis occaecati magni sit quo ullam. Id ipsa dolores illo ips

Bonne réponse!

Fenêtre sur cour Hitchcock

Elea Wetzel
January 30, 2024
5 min

Un décor

Le film se déroule dans l'un des studios de Paramount et a nécessité près de 1860 m² de briques, presque 12 tonnes d'acier, avec un total de 31 appartements créés avec des fenêtres conçues en respectant les dimensions des écrans de l'époque. Douze d'entre eux sont entièrement meublés et utilisables par les acteurs. Ce décor représente Greenwich Village, un quartier de New York réputé pour sa vie culturelle. C'est pourquoi nous voyons des voisins danseurs, sculpteurs, musiciens, et même Jeff fait partie intégrante de ce monde en tant que photographe. Pour donner encore plus de vie et de crédibilité à ce décor, Hitchcock a demandé à toute son équipe de lui fournir des clichés de leurs cours et de leurs bâtiments.

En tenant compte de toutes ces informations, on comprend rapidement que le décor n'est pas simplement un cadre dans le film, mais il occupe une place centrale dans l’histoire et est filmé comme s'il s’agissait d'une représentation théâtrale. Cela devient évident dès les premières secondes lorsque les stores de l’appartement de Jeff s’ouvrent doucement, rappelant les rideaux des théâtres au début d'une représentation.

Hitchcock utilise le décor pour accentuer le suspense et l’intrigue de l’histoire, jouant sur ce qui peut être vu et ce qui ne peut pas l'être par Jeff, et donc par nous, les spectateurs. Ce n'est pas le point de vue de la caméra qui change, mais bien celui du décor lui-même. En plus de jouer sur la vision, il joue également avec le son. Il est important de rappeler qu'Hitchcock vient d'abord du monde du cinéma muet et qu'il y est profondément attaché. Avec "Fenêtre sur cour", il avait la possibilité de rendre les voisins de Jeff totalement inaudibles et de jouer exclusivement avec le langage visuel.

"Fenêtre sur cour" peut être comparé à une pièce de théâtre où l'on joue avec l'espace, le temps et les actions des différents acteurs, mais qui utilise également tous les codes du cinéma.

Otto MessmerPat SullivanStudio Sullivan

Un lien indéniable avec Hopper

En visionnant "Fenêtre sur cour", l'influence manifeste des œuvres d'Edward Hopper dans les films d'Hitchcock ne peut échapper à l'observateur. Hopper est renommé pour ses peintures capturant des moments de vie, des sentiments de solitude, de malaise, mais aussi d'optimisme, surtout dans la période pré et post-guerre.

Les empreintes de Hopper se trouvent dans le film "Psycho" (1960), où l'on peut déceler la réminiscence de sa peinture "House by Railroad" (1925). On y observe un paysage avec une maison au centre, étonnamment similaire à celle de Norman Bates et de sa mère. Une autre œuvre, la peinture "Night Window" (1928), montre une femme solitaire dans un moment très intime dans sa chambre, évoquant la solitude de Miss Lonelyhearts dans le film. Hopper et Hitchcock explorent d'abord le sentiment de voyeurisme, d'intrusion et d'isolement, mais aussi la frontière entre le visible et l'invisible, ce qu'ils veulent montrer ou exclure à travers les fenêtres.

Une fenêtre comme point de vue

Afin d'apporter de la profondeur et de la crédibilité au film, Hitchcock a dû apporter des modifications à la nouvelle "It Had To Be Murder" de William Irish. Jeff devient ainsi photographe et utilise un téléobjectif pour accentuer le thème du voyeurisme, jouant avec les spectateurs en dirigeant leur regard. En plein été, avec tout le monde laissant les fenêtres grandes ouvertes, les vies quotidiennes, les peines, les frustrations, les amours, les joies, tout est dévoilé au grand jour, attisant la curiosité de Jeff.

Ainsi, Jeff commence à prendre plaisir et à s'intéresser à la vie de ses voisins, mais la tension et les dangers du voyeurisme s'installent rapidement dans le récit. Au milieu des joies de la vie quotidienne, un meurtre se déroule, non explicitement montré, mais suggéré par un cri, le comportement étrange de Thorwald et la disparition mystérieuse de sa femme. Ce drame est souligné par un changement d'atmosphère : les nuits deviennent pluvieuses, sombres et sinistres. La tension devient de plus en plus pesante, focalisée sur les faits et gestes de Thorwald et son appartement. De plus, à mesure que le film progresse, le rythme s'accélère et les indices temporels se multiplient. La police arrive dans deux minutes, Lisa a besoin de plus de temps dans l'appartement de Thorwald pour trouver des indices... Nous sommes tous absorbés, espérant une fin heureuse.

Finalement, au-delà d'être un thriller avec une intrigue de voyeurisme et de meurtre, Hitchcock a voulu faire réaliser aux spectateurs que nous sommes tous, par définition, des voyeurs, car nous assistons à des films en observant sans participer directement aux histoires.

A voir

Trailer Fenêtre sur cour - Alfred Hitchcock

Les Simpsons - Saison 6, épisode 1

Dans cette épisode, vous pouvez voir une caricature du film. Bart Simpson interprète James Stewart, Lisa Grace Kelly et Ned Flanders Raymond Burr, le voisin qui a commis le « meurtre ».

Elea Wetzel
Graphiste/Motion Designer